Le Strasbourg
A l’occasion de la préparation de l’exposition à la Villa, nous avons évoqué avec Jacqueline Damongeot la vie de l’atelier de décor au temps d’Hélène Charbonnier Moisand. Ce qui m’intéressait surtout, c’était de mieux connaître son apport personnel dans le contenu des collections et ses sources d’inspiration pour la création de nouveaux décors. J’avais gardé le souvenir que Bonne Maman (alias Hélène) s’arrêtait souvent devant les boutiques de mode pour repérer les nouvelles tendances du moment et s’en inspirer pour faire évoluer la palette de décors proposés aux clients de l’entreprise. De son côté, Jacqueline nous a raconté cette histoire d’une soupière remontée un jour dans un piteux état de la cave de la Villa, dépoussiérée, puis montrée à Hélène, sans doute pour lui suggérer de la remettre en bonne place dans la maison. C’était une pièce d’origine italienne de forme originale et décorée avec un bouquet de fleurs et des rameaux de lierre s’échappant vers les extérieurs.
A ce stade, l’histoire ne disait pas ce qu’il était advenu de cette soupière, mais Jacqueline était formelle sur le fait qu’Hélène s’en était aussitôt emparée pour travailler sur la création d’un nouveau décor. Ce fut le Strasbourg qui intègre effectivement le bouquet et le lierre.

Coïncidence assez étrange, en même temps que je parlais avec Jacqueline, je préparais la grande salle à manger pour recevoir l’exposition, ce qui m’a amené à déplacer quelques objets, parmi lesquels se trouvait ladite soupière italienne. Imaginez la surprise de Jacqueline, et la mienne aussi, moi qui pensais que cette pièce n’était qu’un souvenir de voyage rapporté d’Italie par mes parents.
Tout cela se passait à la Villa dans la grande salle à manger sous le regard coquin d’Hélène photographiée vers l’âge de dix ans. De là à y voir beaucoup plus qu’une simple coïncidence, il n’y avait qu’un pas… que j’ai franchi assez facilement !
Philippe Moisand sur le Chardenois